The Number Ones : I Want You Back des Jackson 5

Dans la rubrique "The Number Ones", le site "Stereogum" examine chaque numéro 1 de l'histoire du "Billboard Hot 100", depuis ses débuts en 1958 et jusqu'à aujourd'hui.

Le 4 Août 1958, "Billboard" a publié son tout premier diagramme "Hot 100" ("Poor Little Fool" de Ricky Nelson était numéro 1).

Michael Jackson avait 11 ans quand il a enregistré le chant principal sur le titre "I Want You Back". Il est la plus jeune personne à avoir chanté sur une chanson numéro 1.

Pourriez-vous affirmer connaître une personne, auparavant ou depuis, à avoir fait mieux ?

Ce qui est drôle avec "I Want You Back" : c'est une chanson classique avant même que Michael n'ouvre la bouche. L'intro instrumentale est une pure excitation très chargée, tous ces différents éléments "push-pull" (dispositif marketing) fonctionnent ensemble : le piano, la guitare extatique, l'ondulation de la batterie, les cordes, etc ... Et puis, il y a la ligne de basse, l'une des plus grandes jamais enregistrées. Il est difficile de trouver les bons mots pour parler de cette ligne de basse, une progression d'accords satisfaisante qu'elle frappe comme un tour de magie. Cela en dit long sur la manière dont la musique pop était produite, à savoir que nous ne pouvons même pas connaître celui qui a joué cette ligne de basse.

James Jamerson, bassiste de longue date des Funk Brothers de la Motown, a affirmé qu'il avait joué sur la chanson, mais la plupart des gens semblent s'accorder pour dire que la nouvelle recrue, Wilton Felder, qui a par la suite aidé à fonder les Jazz Crusaders, en est le responsable. Nous devrions leur décerner le prix Nobel de la paix, juste pour être sûrs.

C'est un sacré déploiement pour un nouveau chanteur qui vient frapper les oreilles de l'Amérique pour la première fois. Il se passe 20 secondes dans "I Want You Back", avant que nous n'entendions la première note de Michael, qui, obligatoirement, vous donne la chair de poule. Sa voix explose. Il y a tellement de joie, de force et de détermination dans tout cela. C'est comme si on laissait ce moteur pur de joie débridée se perdre dans les charts pop.

"I Want You Back" est, au moins sur le papier, une chanson triste.

Michael est en couple avec quelqu'un, mais l'a négligé. Il a tout pris pour acquis. Et maintenant, plein de regrets, il prie pour un autre coup de foudre ("chaque rue sur laquelle vous marchez, je laisse des taches de larmes sur le sol").

Mais, ce n'est pas ainsi que Michael la chante. A peu près tout le monde qui a entendu la chanson savait qu'ils entendaient un petit enfant, c'était au coeur de la façon dont la Motown mettait son pouvoir marketing dans la chanson. Tout le monde savait que Michael était trop jeune pour vivre ces émotions. Il n'était pas vraiment contraint de vendre de l'émotion. Et ainsi, Michael et ses frères ont pris l'arrangement incroyable de la chanson et l'ont traité comme un trampoline, frappant tous ces "ad-libs" (expression latine) exubérants, se poussant mutuellement.

La voix de Michael c'est du pur bonheur. C'était un bébé et pourtant, l'intelligence rythmique est déjà là. Lors du fondu, nous pouvons déjà l'entendre faire ces grognements à la James Brown percutants et adaptés. C'est la version la plus ancienne de ce tic vocal qui sera sa signature pour les décennies à venir. Et les autres Jacksons, qui réalisent tous leur propre petit solo, sonnent presque aussi bien (par exemple, la façon dont Jermaine complète Michael, avec sa propre voix presque hagarde à côté du hurlement à l'hélium de son petit frère).